Voyante by Lenteric Bernard

Auteur:Lenteric, Bernard [Lenteric, Bernard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
ISBN: 9782855651897
Éditeur: Olivier Orban
Publié: 1982-01-14T23:00:00+00:00

2

— C’est débile, ton truc.

Et Jonathan Korn rendit le Rubikcub à Margot.

— Tu n’y arrives pas, alors tu boudes. Veux-tu que je te dise, mon vieux, tu te comportes comme un garçon de dix ans.

Elle prit le Rubikcub, vérifia l’heure à la seconde près et ses doigts se mirent en action. Les petits carrés multicolores s’ordonnancèrent et très vite chacune des six faces fut d’une seule couleur.

— Une minute quarante-neuf secondes ! triompha Margot.

Un spot dispensant une faible lumière éclairait le lit immense où Margot et Jonathan s’amusaient, laissant le reste de la chambre dans une totale obscurité.

— Bravo ! Une minute quarante-neuf au Rubikcub, pour une illettrée, c’est pas mal du tout.

— Arrête avec ça. Quand j’aurai ton âge, j’aurai lu des milliers de livres. Serai-je plus heureuse ? M’aimera-t-on davantage ?

Jonathan ne lui répondit pas. À l’aide d’une commande à distance il trouva sur son téléviseur un programme de dessins animés. Tandis qu’il le regardait, il lisait un roman policier et feuilletait la revue de presse que son secrétariat lui préparait quotidiennement.

— Et avec les pieds tu fais quoi ?

Jonathan sourit et entreprit de caresser Margot avec ses pieds, puisque ses yeux et ses mains étaient occupés.

Un assortiment de chocolats Hersheys, de gâteaux Cadbury, d’After Eight et surtout de petites gaufrettes au chocolat « Afrika » de Bahlsen s’entassaient, éparpillés sur la couverture de guanaco.

Pendant ces rares entractes, Jonathan reprenait des forces. L’enfant qu’il était resté y trouvait son compte. En outre son amour propre venait d’en prendre un sacré coup : le groupe financier dont il était le leader s’était battu pour prendre le contrôle de la Columbia, mais il s’était fait devancer par Kerkorian, le Président de la MGM. Ce remarquable homme d’affaires avait su manœuvrer mieux que lui. Cela n’était pas une question d’argent, mais d’orgueil. Humiliant : Korn au piquet et Kerkorian au tableau d’honneur.

Il fallait chasser les effluves négatifs de ce contretemps et rebondir de plus belle et toujours plus haut. Il croqua un « Afrika » et changea de chaîne. Margot posa son Rubikcub, enleva son peignoir de bain et entreprit de caresser Jonathan :

— Tu sais, je ne prends pas la pilule. Si tout va bien, je pourrai avoir un petit Korn.

Jonathan repoussa doucement Margot, coupa le son de la télévision, ferma son polar, posa son journal, rangea soigneusement les gâteaux et répondit :

— Non.

Margot comprit qu’on ne jouait plus.

— Mais ne t’angoisse pas. Je ne te demande même pas de le reconnaître. J’ai les moyens de l’élever. Quand je voyagerai pour travailler, je le laisserai chez mes parents. J’en ai parlé à ma mère. Elle serait très contente.

— Tu es enceinte ?

— Peut-être, je ne sais pas. Au lieu d’acheter à prix d’or le sperme d’un prix Nobel, je me sers du tien puisque je t’aime et que tu es ce qu’il y a de mieux sur la terre.

— Je n’ai pas envie de rire. Tu es adorable mais ce n’est pas suffisant pour que je te fasse un enfant.

—

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